Cité de Caral - Guide Pérou - Pasión Andina

Cité de Caral

Au nord-ouest de Lima, à une vingtaine de kilomètres du littoral du Pacifique, la cité de Caral fascine par ses temples, ses pyramides de pierre et autres ruines précolombiennes. Retour sur les attractions du site.

Incursion dans la ville perdue de Caral, la cité-mère de l’Amérique du Sud

Les pyramides de Gyzeh suscitent l’admiration des voyageurs en Égypte. À l’autre bout du monde, dans la vallée de Supe au centre du Pérou, se trouvent six pyramides de pierre qui, bien que peu connues, n’ont rien à envier aux tombes monumentales des pharaons. Elles trônent fièrement au milieu du site archéologique de Caral, inscrit depuis 2009 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Dans son livre La vie, la terre et l’eau dans le Pérou antique (1965), l’historien chercheur Paul Kosok a décrit Caral comme le berceau d’une très ancienne culture. Il n’était pas loin de la vérité, puisque la datation au radiocarbone a établi que la civilisation Caral s’est répandue sur les côtes du Pacifique entre 3000 ans et 1800 ans avant l’ère chrétienne. Elle serait donc contemporaine des civilisations de la Mésopotamie, de l’Égypte et de la Harappa. En progressant dans la vallée de Supe, les amoureux d’histoire seront ravis de visiter les temples avec leurs autels et leurs cours circulaires, les biens d’habitation et les imposantes pyramides en blocs de pierre. Les bâtisseurs ont à l’époque transporté ces blocs de pierre dans des sacs en roseau. Une journée d’excursion à Caral, c’est tout simplement un voyage magique dans l’Ancien Monde.

Histoire

Les érudits considèrent la civilisation Caral, connue également sous le nom de Caral-Supe ou Norte-Chito, comme l’ancêtre des civilisations précolombiennes. Née dans la vallée fertile de Supe, caractérisée par des réalisations architecturales impressionnantes et disparue après mille ans d’histoire, la civilisation Caral n’a pas fini de livrer ses secrets.

Un site découvert en 1905

La civilisation Caral est apparue dans le désert aride du Pérou 4500 ans avant l’empire Inca. Lorsque, de retour de son expédition sur le site, le professeur d’histoire Paul Kosok avait déclaré que Caral abritait une colonie primitive, il ne se doutait pas de l’importance de ses lignes. C’était en 1949. À l’époque, Caral était communément appelée Chupacigarro, du nom d’un oiseau indigène. Le livre de Paul Kosok contient une photographie aérienne de la ville sacrée, ce qui a commencé à éveiller l’intérêt et la curiosité des archéologues. Avant Paul Kosok, l’allemand Max Uhle avait inspecté la région en 1905 en passant à Asparo, un village côtier de la région, sans pourtant avoir découvert les trésors archéologiques de Caral.

Un peuple pacifique

À partir de 1975, les chercheurs ont mené des opérations de fouille approfondies. Des instruments de musique à vent, des chikras (sacs en fibres tressées) et des quipus ont été retrouvés in situ, entre autres objets d’époque. Les habitants du Caral occupaient leur temps libre en jouant de la flûte et de la trompette ou en fumant des narguilés. L’absence de vestiges d’artillerie suggère un peuple non belliqueux, ce qui est surprenant quant on sait qu’à cette époque les violences et les razzias étaient monnaie courante. Plutôt que de verser le sang par la guerre, les dirigeants se servaient de la religion pour conquérir et dominer. En font foi les pyramides et les sanctuaires qui ont poussé dans la ville comme des champignons, ainsi que les autels où l’on brûlait des sacrifices en l’honneur du Feu Sacré. Des festivités se tenaient régulièrement sur les places publiques.

Un système de clans familiaux

La civilisation s’est épanouie au sein de la vallée de Supe, comme en témoignent les ruines de villages dispersés de part et d’autre de la vallée. Le grand chef de tribu portait le titre de curaca. Il gouvernait la ville avec les chefs des ayllus, qui eux-mêmes étaient à la tête d’un clan familial. Ce mode de gouvernance lignagère s’est étendu à une vingtaine de centres urbains de la vallée de Supe et dans ceux des vallées environnantes, comme Huallaga, Haura et Casma. Caral figure parmi les dix-huit colonies de la vallée de Supe. Mais à en juger par ses nombreux temples et ses gros programmes immobiliers, il y a des raisons de croire que Caral était le centre administratif, économique et culturel de la région.

Des énigmes non résolus

Les causes de la disparition de la ville sont inconnues. Les bâtiments ont-ils été ensevelis par les tremblements de terre ? Ont-ils été inondés par suite du phénomène El Nino ? La ville a-t-elle été attaquée par des royaumes voisins ? Cette dernière hypothèse semble peu crédible car les habitants ont vraisemblablement vécu en paix.  À la différence des civilisations de la Mésopotamie, de la vallée de l’Indus et de Sumer, la civilisation du Caral s’est développée en vase clos, excepté le commerce avec les pêcheurs de la côte. Peut-être aurons-nous des réponses plus éclairantes de la part de Ruth Shady, qui a travaillé sur le site au cours des 25 récentes années et continue de percer ses mystères à l’heure où nous écrivons ces lignes. Le Gouvernement a décoré la chercheuse de l’ordre du Mérite en récompense pour ses inlassables efforts qui ont permis au site archéologique de Caral de voir le jour.

Aujourd’hui

Les soixante-six hectares du village de Caral sont déclarés propriété de l’Etat. Berceau des civilisations andines, où naquit la première société péruvienne et où se dessinait l’ébauche d’un État unifié et centralisé, le site fait office d’icône et de repère identitaire. Un patrimoine historique et culturel jalousement conservé. La fréquentation touristique du site a été affectée par la pandémie du Covid-19.  Mais après ces longs mois de confinement, Caral accueille de nouveau ses visiteurs dès octobre 2021.

Promenade sur les ruines archéologiques de Caral

On a du mal à croire que cinq milliers d’années auparavant une brillante civilisation a prospéré dans la ville désolée de Caral. Six énormes pyramides posées en plein désert retracent l’histoire de cet ancien peuple. Les pyramides reposent sur une plateforme surélevée bordée de tous côtés de bâtiments en brique de boue destinés à divers usages : bureaux publics, atriums, places de marché et biens résidentiels. Plus loin, se dressent les ruines d’une place aux gradins circulaires qu’on reconnaît être un amphithéâtre. L’alignement et la conception des bâtiments témoignent d’un plan d’urbanisme sophistiqué, profondément cohérent par rapport à la topographie montagneuse et aux menaces posées par les tremblements de terre.

C’est incroyable d’imaginer que, dans les temps immémoriaux, une colonie de 3 000 habitants avait habité dans ce centre urbain. Ils ne savaient pas comment fabriquer des vases en terre cuite, ils ignoraient comment manier les métaux. Mais les pyramides révèlent qu’ils étaient experts en matière d’architecture. Les sciences agricoles étaient également très avancées : des canaux d’irrigation acheminaient l’eau vers les villages, faisant ainsi de la vallée de Supe une oasis fertile propice à l’agriculture. Les habitants du Caral cultivaient du maïs, des légumineuses et des patates douces. Les cultures avaient une vocation prioritaire de subsistance. Pour gagner de l’argent, ils vendaient du textile. Grâce au tissage du coton, ils confectionnaient des robes, des chaussures, des sacs et des pièges à poissons. Ils étaient déjà capables de varier les couleurs, cependant les robes étaient unies, sans décor ni motif.

Les pyramides n’ont pas un toit conique comme celui qu’on voit sur les pyramides de l’Egypte antique. Ils sont à toit plat. La pyramide la plus imposante dépasse 28 mètres de hauteur. Sa surface est comparable à celle d’un immense terrain de sport.

Infos pratiques

Quand visiter

La saison de mai à octobre est celle que recommandent les voyagistes pour visiter le site de Caral et apprécier son patrimoine archéologique. Le ciel est d’un bleu intense dans les Andes, les journées sont ensoleillées mais les nuits sont froides. Des vêtements appropriés au froid sont à prévoir si vous comptez séjourner sur place.

Comment s’y rendre

La ville sacrée de Caral est lovée dans la vallée de Supe près des côtes centrales du Pérou, à 200 km au nord de Lima. Pour y accéder, prenez le bus pour Supe Pueblo, à 184 km de l’autoroute Nord-Panaméricaine. N’attendez pas jusqu’au terminus, mais demandez au chauffeur de vous déposer au Supe Market. Ce faisant, il suffit de monter à bord d’un taxi ou d’un collectivo (taxi collectif) pour gagner la ville de Caral.

Prix et horaires d’ouverture

Le complexe archéologique de Caral est ouvert tous les jours de 9h à 16h. La visite du site est payante. Les adultes sont tenus de régler des frais de 11 sols, soit l’équivalent de 2,28 euros ; les enfants âgés de moins de 5 ans et les étudiants ne paient que 1 sol soit 23 centimes d’euros.

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