Qeswachaka - Guide Pérou - Pasión Andina

Qeswachaka

Au cœur des Andes péruviennes, un trésor culturel et historique perdure depuis des siècles : le pont de Q’eswachaka ou Qeswachaka. Il est situé dans la région de Cusco, dans le district de Quehue, dans la province de Canas. Ce pont de cordes suspendu est l’un des derniers vestiges de l’ingéniosité inca en matière de construction et de transport. Chaque année, els communautés locales se rassemblent pour le reconstruire en utilisant les techniques traditionnelles transmises de génération en génération.

Histoire

Le pont de Q’eswachaka fait partie d’un vaste réseau de routes et de ponts construits par les Incas pour relier leur empire, le Tahuantinsuyu. Ces routes, connues sous le nom de Qhapaq Ñan, s’étendaient sur des milliers de kilomètres à travers des terrains montagneux et difficiles.

Les ponts suspendus étaient essentiels afin de traverser les nombreuses vallées et rivières de la région andine. Autrefois, celui de Q’eswachaka était le seul pont reliant les villages séparés par la rivière Apurimac. Cependant, à cause des intempéries, les cordes tressées formant l’ouvrage se détériorent. Ainsi, à l’initiative de l’Inca (l’empereur), Q’eswachaka était restauré annuellement grâce à la « minka ». Il s’agissait d’un effort collectif en faveur de la communauté entière. 

Q’eswachaka, dont le nom dérive du mot quechua « q’eswa » (corde tressée) et « chaka » (pont), est l’un des rares ponts de corde encore en usage aujourd’hui. Il est situé à environ 30 mètres au-dessus de la rivière Apurimac, à environ 3700 mètres d’altitude. Ce pont mesure à peu près 28 mètres de long et 1,20 mètre de large. Bien que sa structure soit simple, sa construction requiert une expertise et une coopération communautaire considérables.

La reconstruction annuelle du pont Q’eswachaka

Chaque année, durant la 2ème semaine du mois de juin, les communautés de Ccollana, Chaupibanda, Huinchiri, Quehuele, Choccayhua et Pelcaro se rassemblent afin de reconstruire le pont de Q’eswachaka. Ce processus, qui dure environ 4 jours, est un exemple remarquable de coopération communautaire et de préservation des traditions ancestrales. Actuellement, bien que d’autres itinéraires relient les villages, la pratique de la réhabilitation de ce pont perdure depuis près de 500 ans.

Cérémonie et offrande aux dieux

Avant le début de la reconstruction du pont, les communautés doivent réaliser un rituel dédié à l’Apu Quinsallallawi ou à la divinité inca Pachamama, la Terre mère ou Terre Nourricière. Lors de cette cérémonie, un chaman ou « Paqo » (prêtre andin) fait une offrande composée :

  • De feuilles de coca
  • Des aliments
  • Des fœtus de lamas
  • Un cœur d’agneau
  • De l’encens

Le rituel aide à implorer la protection de la déesse et éviter tout accident durant toutes les étapes de la restauration du pont. Le chaman allume également un feu sacré et la fumée purificatrice qui en dégage passe de main en main.  

Jour 1 : Collecte des matériaux

La première étape de la reconstruction consiste à récolter la q’oya ichu, une herbe andine résistante qui pousse à haute altitude. Cette plante d’une structure fibreuse est utilisée pour fabriquer les cordes du pont. Les membres des communautés se rassemblent afin de couper et de sécher la paille, avant de la tresser en longues cordes épaisses.

Pendant ce temps, les femmes et les enfants tressent et tissent les « soguilla » ou les cordes en utilisant des techniques transmises de génération en génération. Ils sont supervisés par un chakaruwak (un spécialiste).

Jour 2 : Préparation

Le deuxième jour est consacré à la préparation de la structure pour le nouveau pont. Chaque village apporte les quantités de cordes convenues dont chacune a une longueur de 38 mètres. Ensuite, les cordes sont tordues dans la même direction grâce à un tir à la corde, effectué par les hommes, pour les rendre plus flexibles et souples. Il faut noter qu’il s’agit d’un travail prenant plusieurs heures. À partir de ces cordes torsadées, des câbles épais sont créés pour construire le pont :

  • 4 cordes épaisses ont tressées pour former la base et les rails du pont
  • 2 cordes servent de mains courantes
  • 6 cordes sont destinées à créer l’ossature du nouveau pont.

Jour 3 : La construction

Le troisième jour est le plus spectaculaire, car il marque la construction du nouveau pont. Quelques hommes se divisent en deux groupes et se rassemblent d’un côté à l’autre du pont pour assembler les cordes. Ils retirent les vieilles cordes. Des roches ou des piliers de pierre sont préparées servant de point d’ancrage des nouveaux câbles. Les grandes cordes de base sont tendues à travers la rivière et fixées aux piliers. Ensuite, les cordes secondaires sont ajoutées pour former le plancher et les garde-corps. Ce processus nécessite une coordination et une précision extraordinaire des hommes, puisque chaque étape doit être réalisée de manière synchronisée afin d’assurer la stabilité du pont.

En outre, selon la croyance inca, les femmes ne doivent pas se trouver à proximité lors de l’étape finale de la reconstruction de l’ouvrage. En effet, d'après la tradition, le pont appartient aux sirènes de la rivière et celles-ci seraient jalouses de la gent féminine inca. Ainsi, pour éviter toute malédiction, les femmes des communautés ne s’approchent pas du pont.

Jour 4 : Achèvement du pont et fête

Le dernier jour, les chakurawak finalisent la construction du nouveau pont et sécurisent les dernières cordes. La structure du pont vétuste est démontée, tombant dans la rivière et se laissant entraîner par les eaux. Ensuite, les deux équipes d’hommes d’un côté et de l’autre du pont se rejoignent au milieu, en posant des nattes au sol. Quand la dernière corde est fixée, les groupes lèvent les bras et crient « Haylly Q’eswachaka ». Cela annonce l’achèvement des travaux et la renaissance du pont. Les acclamations de la foule retentissent et la fête commence avec de la musique, des danses traditionnelles et des repas. On peut également y voir des échanges commerciaux entre les habitants. Les villageois peuvent aussi traverser le pont. Toutefois, par sécurité, quatre personnes peuvent s‘engager ensemble dans la structure.     

Importance culturelle et spirituelle

La reconstruction de Q’eswachaka n’est pas seulement un exploit technique, mais également un événement culturel et spirituel majeur. Pour les communautés locales, le pont symbolise l’unité, la continuité et le respect des ancêtres. La cérémonie de reconstruction est accompagnée de chants, de danses et de rituels traditionnels, renforçant les liens sociaux et culturels.

De plus, le pont Q’eswachaka est un exemple de l’ingénierie inca, montrant comment les anciens habitants de la région ont su s’adapter à leur environnement. Ils ont en effet développé des solutions ingénieuses pour surmonter les défis géographiques.

Ce pont est d’une telle importance qu’en 2009, l’institut national de la culture au Pérou a classé le rituel de reconstruction de cet ouvrage comme nouveau « patrimoine culturel de la nation ». Quelques années plus tard, le pont Q’eswachaka a été inscrite en 2013 par l’UNESCO au « patrimoine immatériel de l’humanité».

Comment s’y rendre ?

Afin d’atteindre le pont de Q’eswachaka, les visiteurs doivent généralement partir de Cusco. Le trajet en voiture dure environ quatre heures, traversant des paysages montagneux et des villages pittoresques. Il existe des agences de voyages à Cusco proposant des excursions d’une journée au pont, incluant le transport et les guides.

Pour ceux qui souhaitent rejoindre le pont Q’eswachaka en indépendant, il est conseillé de prendre un bus depuis Cusco pour aller à Combapata, ensuite emprunter un taxi collectif afin de rejoindre le village de Quehue. Puis, il suffit de trouver une voiture qui peut vous emmener jusqu’au pont en 20 minutes.

Attraction touristique

Q’eswachaka est devenu une attraction touristique populaire pour ceux qui souhaitent découvrir le patrimoine culturel du Pérou de manière authentique. Les visiteurs peuvent assister à la reconstruction annuelle, participant ainsi à une tradition séculaire. Le pont est également ouvert à la traversée pendant une grande partie de l’année, offrant une expérience unique et exaltante. Marcher sur les cordes tressées tout en admirant la vue spectaculaire de la rivière Apurimac en contrebas est impressionnant.

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