Situé dans la région de Cusco au Pérou, Raqchi est un site archéologique fascinant qui offre un aperçu précieux de l’ingéniosité architecturale et culturelle des Incas. Parfois moins connu que le Machu Picchu, il regorge d’histoire et de mystères. Que vous soyez un passionné d’archéologie, un amateur d’histoire ou simplement un visiteur curieux, Raqchi est une attraction incontournable à découvrir.
Le complexe archéologique de Raqchi se trouve à 117-120 km environ de la ville de Cusco. Il se situe dans la province de Canchis, dans le district de San Pedro de Cacha, à 3460 mètres d’altitude. Le site est également localisé à proximité du volcan Quimshachata et de la rivière Vilcanota. La plupart des visiteurs le connaissent aussi sous le nom de Temple de Viracocha ou Wiracocha à cause de l’un des édifices emblématiques qui le constitue.
Par ailleurs, un village du même nom se trouve aux environs du complexe archéologique, et est composé de 80 maisons à peu près. Cette localité est caractérisée par son beau marché artisanal, son église pittoresque qui date du XIXe siècle, et sa magnifique place principale. En plus d’être des agriculteurs pour la plupart, les habitants sont spécialisés dans la fabrication de poteries en argile et en particules de lave volcanique. D’ailleurs, c’est ce qui caractérise le nom Raqchi qui signifie « céramique faire de matériaux volcaniques ».
Raqchi est un site archéologique majeur de l’époque inca, situé à environ 3480 mètres d’altitude. Ce lieu était autrefois une importante ville religieuse et administrative. Il est célèbre pour son temple dédié à Wiracocha, l’un des dieux les plus importants du panthéon inca, souvent considéré comme le créateur de toutes choses. Toutefois, il faut noter que la divinité la plus vénérée était Inti ou le soleil.
La construction de Raqchi remonte au XVe siècle, sous le règne des empereurs incas Viracocha (ou Wiracocha), et de ses successeurs Pachacutec et Túpac Yupanqui. C’est lui qui aurait ordonné l’édification du temple de Wiracocha destiné à honorer le dieu suprême et à marquer le pouvoir et la grandeur de l’Empire inca. Le site est aussi stratégiquement situé sur le Qhapaq Ñan, le réseau de routes incas, facilitant ainsi les échanges commerciaux et culturels.
Le Temple de Wiracocha est sans conteste la pièce maîtresse de Raqchi. Il mesure environ 92 mètres de long et 25,5 mètres de large. Cet édifice se distingue par ses imposants murs de pierre et d’adobe ainsi que son architecture unique.
Ce qui rend ce temple particulièrement remarquable, c’est sa structure en deux parties :
Malgré qu’ils soient partiellement détruits au fil du temps, le mur central en adobe atteint 18 à 20 mètres de haut environ, mis en place sur un socle en pierre andésite. Le toit du temple en pignon était soutenu par des colonnes circulaires. On peut également voir des petites fenêtres, des portes et des murs principaux ornés d’une fine couche d’argile ressemblant à un escalier, la croix andine ou la Chakana.
Par ailleurs, les vestiges de niches et de colonnes suggèrent que le temple était autrefois magnifiquement décoré, reflétant l’importance de ce lieu dans la spiritualité inca. Il faut noter que durant l’époque préhispanique, il est rare de voir des constructions incas dotées de colonnes.
Ces 156 colcas circulaires de Raqchi étaient utilisés pour stocker les surplus agricoles et d’autres nourritures, notamment :
Les vivres étaient conservés dans des paniers en fibres végétales et des céramiques.
Les colcas mesuraient 4 mètres de hauteur et 8 mètres de diamètres et avaient été conçus en lignes parallèles. Ils étaient dotés de fenêtres pour la ventilation et de toits en chaume et en bois. D’ailleurs, on peut voir que certains ont été remis en état. Ces grands entrepôts témoignent de la capacité des Incas à gérer leurs ressources et à assurer la sécurité alimentaire de leur population.
Se trouvant à proximité du temple, il faut passer par une cancha ou une cour (ou un Acllawasi) entourée par plusieurs bâtisses. Six blocs de constructions se répétant composent les habitations. Le bâtiment principal est constitué d’une double-maison séparée par un mur central.
Il s’agit d’une immense plateforme avec un mur d’enceinte. Pour y accéder, il faut passer par un petit escalier derrière une porte à double chambranle. L’Ushnu est caractérisé par de petites bâtisses vraisemblablement utilisées par les prêtres pour se préparer avant les cérémonies.
Autrefois, les cinq fontaines cérémonielles de Raqchi étaient utilisées par les Incas pour se purifier avant d’entrer dans les temples. Parmi elles se trouve le « Baño del Inca » ou le bain de l’Inca. Les autres servaient aussi d’approvisionnement en eau du complexe.
Par ailleurs, il est important de noter que l’eau de ses fontaines provient d’une source inconnue jusqu’à ce jour et passe sous le site pour ressortir vers les terrasses agricoles.
En outre, en parlant d’eau, on peut également découvrir un lac artificiel sur le site de Raqchi, dont le fond avait été tapissé de pierres. Son utilisation est encore inconnue jusqu’à aujourd’hui.
Le système d’irrigation sophistiqué de Raqchi montre à quel point les Incas maîtrisaient la gestion de l’eau. Des canaux bien conçus acheminaient l’eau des montagnes vers les terrasses agricoles et les habitations, permettant une agriculture prospère même dans des conditions climatiques difficiles.
Comme dans de nombreux autres sites incas, les terrasses agricoles de Raqchi étaient utilisées pour cultiver diverses plantes et produits tels que le quinoa, le maïs, etc. Construites en suivant les contours naturels du terrain, elles optimisaient l’utilisation de l’eau et réduisaient l’érosion.
Actuellement, Raqchi est un site touristique populaire qui attire des visiteurs du monde entier. Il est ouvert du lundi au dimanche de 07h00 à 18h00 environ. Les efforts de conservation ont permis de préserver de nombreuses structures, offrant aux touristes une expérience immersive dans l’histoire et la culture incas.
En outre, Raqchi est également célèbre pour son festival folklorique parmi les plus importants des environs. Cette fête se tient chaque année au mois de juin, sur l’esplanade adjacente au site. Les groupes traditionnels des régions aymara, quechua et d’autres provinces andines se retrouvent pendant ce festival. Ils y font revivre et partagent les chants, les musiques et les danses ancestrales. De plus, le festival de Raqchi est réalisé en prélude à l’Inti Raymi de Cusco.
Pour se rendre à Raqchi, plusieurs options s’offrent aux visiteurs. Le site est facilement accessible depuis Cusco, par des excursions d’une journée ou en tant que partie d’un circuit plus vaste de la Vallée Sacrée. Depuis la ville, il est aussi possible de prendre un bus vers Urcos et Sicuani et de descendre à Raqchi. Le trajet dure 2 heures à 2 heures 30 minutes environ. Une fois sur place, il faut acheter un billet d’entrée. Il est possible de suivre les visites guidées qui fournissent des informations détaillées sur l’histoire et les structures de Raqchi.
Nombreuses sont les autres attractions et activités qui attirent les visiteurs à Raqchi. Par exemple, se trouvant à une quinzaine de minutes à pied de Raqchi, on peut voir un grand tambo avec une cour centrale agrémentée de divers bâtiments dont le toit de l’un d’eux a été restauré. Rappelons qu’il existe plusieurs tambos installés le long du réseau du Chemin de l’Inca. Ils étaient utilisés autrefois comme relais pour les messagers incas ou chasquis et de lieux de repos pour les voyageurs.
Par ailleurs, les visiteurs ont aussi la possibilité de participer à des ateliers culturels organisés par les communautés locales. C’est une occasion pour en apprendre davantage sur la cuisine traditionnelle péruvienne, la poterie et le tissage.
Enfin, les touristes peuvent découvrir le corps de la statue du dieu Wiracocha au Musée Inca de Cusco. Sa tête, en revanche, est exposée au musée des Amériques à Madrid, en Espagne. Cette statue a été découverte lors d’une fouille menée par des scientifiques espagnols en 1981 dans le complexe archéologique de Raqchi.